Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, conseiller au Parlement d’Aix-en-Provence, mort dans sa cinquante-septième année en 1637, a été considéré de son vivant comme le prince des curieux. Prodigieux érudit, il fut aussi un véritable savant – le premier qui ait corroboré par l’expérimentation la théorie de Harvey sur la circulation sanguine, qui ait l’un des premiers dressé la carte de la lune(1), fait progresser la numismatique et pratiqué d’instinct la critique historique -. Son originalité et l’intérêt qu’il a suscité à travers les siècles viennent sans doute de ce que ce personnage omniscient n’a jamais publié une ligne. Il n’en répandait pas moins généreusement son savoir par son immense correspondance. Pour son plaisir et son enseignement personnel, il prit soin de se constituer ce que nous nommerions aujourd’hui un musée privé (2) et qui s’appelait au XVIIe siècle un “cabinet de curiosités”. C’est cet aspect de sa démarche que nous nous proposons d’étudier ici.