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Peyresq, sommet belge

Pas d’équivalent en Europe ! En effet, qui aurait pensé que des Belges assez fous pourraient remonter pierre par pierre un village exsangue et en faire chaque été un des hauts lieux de la recherche scientifique mondiale?

Pari réussi par une poignée d’universitaires humanistes belges, tombés amoureux de ces ruines du Haut Verdon dans les années 50. Résultat ? Des prix Nobel de physique, des pontes de la botanique, des stars de l’astronomie, des cracks des écosystèmes, venus d’Allemagne, des Etats-Unis, du Japon, de Russie ou d’Amérique du Sud et, bien entendu, de France, Belgique, U.E., s’y retrouvent en sessions estivales pour des brainstorming de haute volée qui font référence dans la communauté. Portables oubliés, Internet relégué, l’échange se fait entre pierres et chemin creux, à peine troublé par le survol des rapaces. Il parait qu’ils adorent…

 

Comment les belges sont arrivés?

En 1932, il restait 17 habitants à Peyresq, l’école communale ayant été fermée entre-temps. Les maisons abandonnées étaient de plus en plus menacées, le poids de la neige écroulant les toitures, le gel déchaussant les murs.

C’est ainsi qu’en 1952 Georges Lambeau découvrit Peyresq, encore habité par le maire, son épouse et une de ses filles, quelques moutons, autant de chèvres, des murs lézardés et de nombreux toits effondrés, dépeuplé mais non abandonné.

Il cherchait un mas pour ressourcer périodiquement ses étudiants des Beaux-Arts, il trouva un village où il conçut, avec un ami bruxellois Toine Smets, de réunir, en un centre humaniste rayonnant, des étudiants et des professeurs, des artistes et des chercheurs.

Nicolas-Claude Fabri, Monsieur de Peiresc, inspira naturellement leur entreprise par sa conscience scientifique et européenne.

En 1954, la camionnette d’Elise Lambeau embarqua un voyageur sur la route de Digne, Pierre Lamby, jeune architecte et l’emporta jusqu’à Peyresq.

Pierre embrassa le projet et devint l’architecte de la renaissance du village, appuyé par un jeune entrepreneur local, René Simon.

Mais cette conjonction d’enthousiasmes dut sa force et son succès aux milliers d’étudiants-bâtisseurs belges qui pendant trente ans se succédèrent sur l’énorme chantier peyrescan qui à situation exceptionnelle fournirent un effort exceptionnel.

En outre, l’aspect traditionnel du village fut restauré par Pierre Lamby, par une reconstruction respectant les principes et les matériaux de l’architecture provençale.

A ce titre, le village de Peyresq reçut en 1980 le prix des “Chefs-d’œuvre en Péril” des mains du Président Giscard d’Estaing.

S’il est difficile d’imaginer aujourd’hui cette reconstruction du village de Peyresq, outre Georges, Elise, Toine, Pierre, René et les étudiants-bâtisseurs, il faut aussi rendre hommage à toutes les bonnes volontés qui supportèrent ce projet avec enthousiasme : secrétaires, trésoriers, économes, chefs de chantier, animateurs, cuisiniers, administrateurs, ainsi que les autorités administratives communales, régionales, départementales… qui firent confiance aux bâtisseurs de Peyresq.

C’est bien la raison profonde qui, depuis 1954, a engendré la longue suite de petits et grands miracles qui permirent à Peyresq de renaître, de vivre et de rayonner.

Aujourd’hui, les peyrescans de souche, les bâtisseurs et chaque nouveau peyrescan forment la nouvelle communauté villageoise, revivifiée par la civilisation des loisirs et la bénéfique activité d’une communauté universitaire belge.

Botanistes, zoologistes, physiciens, mathématiciens, cosmologues, géographes, historiens, artistes et défenseurs de l’environnement… ont fait de Peyresq leur lieu de prédilection pour leurs travaux et leurs rencontres.

 

Retrouvez le projet de Peyresq vu par le journaliste Pierre Durieux, du journal “Echos du Mercantour” en 2009.

 

 

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